Entraîneur du Racing Club de Cannes (RC Cannes) depuis le début de la saison et sélectionneur  de l’Equipe de France depuis 2012, Laurent Tillie, est revenu avec Sports Azur sur l’échec des Jeux Olympiques de Rio, et sur le futur de la « Team Yavbou ».

Avec l’équipe de France, vous jouez cette année l’Euro, la Ligue Mondiale et les qualifications pour les Championnats du Monde de 2018. Quel est donc le réel objectif avec la sélection cette année ?

Les véritables objectifs sont l’Euro et les qualifications pour les Championnats du Monde. Le premier, c’est les qualifications, celui qui me fait le plus peur. On joue en France face à l’Allemagne et la Turquie, deux grandes nations, sans oublier l’Azerbaïdjan, l’Ukraine et l’Islande qui ont souvent de très bons joueurs physiquement. C’est cinq matchs en cinq jours, après on enchaîne directement avec la Ligue Mondiale, on espère faire un podium mais ce n’est pas l’objectif.

Que pensez-vous de l’organisation des compétitions, entre les Ligue Mondiale tous les ans, auxquelles s’ajoutent parfois l’Euro, les Championnats du Monde ou encore les Jeux Olympiques ?

La signature au RC Cannes après « l’échec » des Jeux Olympiques vous a-t-elle permise de rebondir ?

Moi ça m’a aidé à les oublier, sinon j’aurais ruminé, ruminé sans cesse, au niveau personnel, c’était bien pour moi.

Comment expliquez-vous cette sorte de « déroute » dans ces Jeux Olympiques ?

Regrettez-vous le système de qualification pour les Jeux Olympiques ?

Oui, mais je ne peux rien y faire (rires). Je suis très en colère, les qualifications ont été changées, on aurait dû être qualifié après avoir remporté le titre de champion d’Europe, après on fait un tournoi, il y a un joueur dopé, à cause de ce dopage on aurait dû être qualifié mais la Fédération internationale en a décidé autrement. Il y a beaucoup d’amertume mais dans le sport si on passe notre vie à se plaindre, on n’avance pas. Après nous avons eu un programme très difficile, on se qualifie au Japon le dimanche, on rentre en France le lundi, le vendredi on part en Australie pour jouer la Ligue Mondiale. Après cela, une semaine d’entraînement, une semaine de récupération et on part aux Jeux Olympiques, donc vous pouvez constater la fatigue engrangée.

Dans le tournoi qualificatif aux JO, vous perdez votre troisième match face à la Pologne, cette défaite vous a-t-elle fait douter ?

Non, mais j’étais très en colère contre mes joueurs. On avait le match en main et après ils ont commencé à parler avec l’adversaire et là j’étais très très en colère. Il fallait que mes joueurs se reprennent en main et après ils ont changé d’attitude notamment dans le match face à l’Australie où l’on décroche le gain d’un set 43-41, ce set là nous fait gagner 3-1, on prend 3 points, on est soulagé et le lendemain, on bat le Canada 3 sets à 0.

Avec votre rôle d’entraîneur au RC Cannes, comment faites-vous pour observer les joueurs de l’équipe de France ?

Je vais moins les voir maintenant. Je suis tout de même allé en Italie pour en observer certains, mais cela faisait trois ans que je faisais cela, je regardais les joueurs, ils me voyaient et au bout d’un moment, ça n’apporte plus grand-chose donc c’est un peu frustrant. Je regarde les matchs en vidéo, grâce à un site on peut voir tous les matchs des championnats, italiens, polonais, turcs, et cela me permet de surveiller les joueurs même si je n’ai plus le contact humain. Je n’ai pas d’intermédiaire à cause du manque d’argent par exemple. Le calendrier de cette saison m’a cependant permis de regarder tous les matchs de l’AS Cannes à domicile et donc d’observer tous les joueurs du championnat de France, après les vidéos m’aident encore. Pour repérer un joueur, je regarde les statistiques, et ensuite je vais aller regarder le match pour approfondir sur le joueur.

Arnaud Josserand, l’entraîneur de l’AS Cannes  (l’équipe de volley masculine de Cannes) est votre adjoint en Équipe de France. Cette proximité vous aide-t-elle maintenant que vous êtes également à Cannes ?

Comment arrivez-vous à gérer le fait d’entraîner votre fils, Kévin Tillie, en équipe de France ?

Souhaiteriez-vous voir Kévin évoluer dans le championnat de France, à l’AS Cannes ou à Nice par exemple ?

Suivez-vous les carrières de vos deux autres fils Kim et Killian Tillie en basket ?

Oui, j’ai passé deux nuits blanches à cause de Killian, qui a joué le Final Four de basket universitaire  aux Etats-Unis (rires).

Comment expliquez-vous le manque d’attraction pour le volley en France, contrairement à des pays comme l’Italie ou la Turquie ?

Je pense qu’il y a un manque de communication déjà, un manque d’investissement dans l’étude des marchés. Comme c’est un sport pauvre, on garde l’argent pour payer les joueurs pour éviter que les joueurs partent. Cela serait intéressant de faire une ligue verrouillée pour que les clubs soient tranquilles et puissent investir sur d’autres joueurs. D’un autre côté, la France est le seul pays du monde où les cinq sports collectifs « majeurs » (Football, Rugby, Handball, Volley, Basket) sont développés. Dans les autres pays il en manque toujours un, c’est donc quelque chose de fort.

Dans votre carrière, vous avez joué à Cannes, à Nice et en Italie, pourquoi cet attachement « local » ?

Propos recueillis par la rédaction